Arlene Gottfried

1950 - 2017, New York, États-Unis

Presentation

Née à Brooklyn, Arlene Gottfried est diplômée du Fashion Institute of Technology à New York. Elle commença sa carrière comme photographe dans une agence de publicité, avant de travailler à son compte pour des journaux prestigieux comme le Magazine du New York Times, Fortune, Life, ou encore The Independent à Londres.

C'est dans la rue qu'elle développe son travail personnel, photographiant ses amis, ses voisins, capturant le multiculturalisme du quartier de Brooklyn où elle habite. Ses photographies des années 70 et 80 témoignent d'un New York qui n'existe plus, un environnement abrupt dans lequel elle se plaît à évoluer, côtoyant des personnalités excentriques, écumant les festivals, les fêtes de quartier et par-dessus tout les défilés de toutes sortes ? la Gay Pride, la Saint Patrick, le Puerto Ricain Day, et Halloween.  Elle retourne également sur les plages de son enfance, Coney island et Brighton Beach, photographie la seule plage nudiste de New York, Riis Beach's Bay One, ainsi que les boîtes de nuit dans lesquelles, avant l'épidémie du VIH, s'exprimait une grande liberté d'expression personnelle et sexuelle. 

Elle fut notamment exposée à la galerie Leica à New York et à Tokyo, ainsi qu'à la Smithsonian Institution à Washington D.C. Ses photographies sont présentes dans les collections du Brooklyn Museum of Art, de la New York Public Library, ainsi qu'à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Elle reçu de nombreux prix, parmi lesquels le Berenice Abbott International Competition of Women's Documentary Photography. Elle a publié plusieurs ouvrages : Bacalaitos & Fireworks (powerHouse Books, 2011), Sometimes Overwhelming (powerHouse Books, 2008), Midnight (powerHouse Books, 2003) et The Eternal Light (Dewi Lewis Publishing, 1999). Elle a vécut et travaillé à New York jusqu'à sa mort, en 2017.

Collections publiques

Museum Folkwang, Essen, Germany

The Museum of Fine Arts, Houston, TX.

Jorge Paiva private collector, Brazil  

Haverford College, Haverford, Pennsylvania,

Lehigh University, Pennsylvania

The Jewish Museum, New York, NY.

Maison Valdotaine de Photographie, Aosta, Italia.

Musee Arthur Batut, Labrugiere, France.

The New York Public Library, New York, NY.

FNAC Galeries Photo, Paris, France.

Brooklyn Museum, Brooklyn, NY.

Southeast Museum of Photography, Daytona Beach, Florida.

Bibliothèque Nationale, Paris, France.

The New York Public Library, New York, NY.

The Museum of Fine Arts, Houston, Texas.

Maison Européenne de la Photographie, Paris, France.

Johnson & Johnson, New Jersey.

Chase Manhattan Banks, New York, NY.

Presse

Textes

SOMETIMES OVERWHELMING

Je détestais l'école, et quand j'ai passé mon bac, mes parents voulaient absolument que j'aille à la fac. Mais il n'était pas question de continuer à rester assise dans une salle de classe à me forcer à écouter ce qui se passe. Ma mère a épluché la brochure de l'université et m'a suggéré de choisir une matière artistique. En m'inscrivant, j'ai vu qu'ils proposaient un cours de photographie.

Un soir par semaine, je sortais de mon boulot de dactylo à Manhattan à 17 heures, je prenais la ligne A du métro pour High Street à Brooklyn, où avait lieu le cours, dans un bâtiment industriel. La première fois, en voyant que tous les étudiants étaient des garçons, j'ai dû me retenir de pleurer.

Après avoir un peu sympathisé, j'ai été invitée à l'anniversaire de l'un d'eux, un étudiant qui, quelques semaines auparavant, avait fait mon portrait, mais, bizarrement, en me demandant de me retourner pour me photographier de dos. Le soir de la fête, je lui ai demandé de me montrer la photo. Il a répondu qu'il n'avait pas de tirage mais que je pouvais regarder le négatif dans l'agrandisseur. En voyant la photo de mes cheveux longs coincés dans ma veste de fourrure rétro, j'ai compris pourquoi il m'avait demandé de me retourner. Ce fut un véritable déclic : je venais de comprendre que la photographie pouvait être une forme d'expression à part entière. J'ai commencé à m'y intéresser sérieusement et j'ai décidé de faire un diplôme de photographie en deux ans au « Fashion Institute of Technology ».

Après mon diplôme, j'ai été assistante pour de nombreux photographes dans des studios commerciaux et, pendant plusieurs années, photographe pour une agence de pub. Malgré cela, après le boulot ou le week-end, je passais le plus clair de mon temps à faire de la photo. Véritable New-Yorkaise, j'étais faite pour être tout le temps dehors. J'avais passé mon enfance à Brooklyn, et mes premières photos montraient la vie dans la rue. Je braquais mon objectif sur mes amis, ma famille et mes voisins dans ce quartier d'une grande diversité ethnique. Mes photos ont fini par devenir instinctives, je ne réfléchissais pas à ce que j'allais photographier ni pourquoi.

Aujourd'hui, il m'apparaît clairement que ces photos noir et blanc des années 1970 et 1980 témoignent d'un New York qui a disparu. C'était un univers assez rude, et je me plaisais à côtoyer des gens qui avaient quelque chose d'unique et d'excentrique. J'écumais les festivals, les fêtes de quartier et les défilés ? journée des anciens combattants, Pâques, fête des Portoricains, Gay Pride, Saint-Patrick, et le défilé d'Halloween, qui avait un charme tout à fait particulier.

L'été, je retournais sur les plages de mon enfance, Coney Island et Brighton Beach. J'ai des souvenirs intacts de ces plages, j'y suis très attachée et j'y vais toujours. J'ai fait des photos à Bay One, la plage nudiste de Riis Beach ? la seule de tout New York. Quand j'étais invitée dans des boîtes de nuit, je prenais mon appareil photo ? le studio 54, GG's Barnum Room, Le Clique, Les Mouches, Paradise Garage et l'Empire Rollerdrome, où l'on dansait en patins à roulettes, tous ces endroits affichaient le glamour, l'insolence, l'exhibition sexuelle et ce vent de liberté d'expression qui caractérisaient le monde d'avant l'épidémie du sida. Mes photos s'apparentaient à des souvenirs : j'aimais collectionner les moments vécus avec les gens que je rencontrais dans les lieux que je visitais. Et si je repartais avec de superbes photos d'eux, c'était la cerise sur le gâteau. Quand le Radio City a été menacé de démolition, je me suis engagée aux côtés de ceux qui refusaient cette destruction et j'ai décidé d'immortaliser le dernier music hall de New York en photographiant les Rockettes. Au Roseland Ballroom, j'ai photographié les gens qui venaient régulièrement danser depuis les années 1940 et 1950.

Les photos de Sometimes Overwhelming montrent une époque et les gens qui l'ont vécue. La plupart savaient qu'ils étaient photographiés, mais je ne leur ai jamais demandé de poser ? c'était une collaboration. Les personnes les plus âgées, dont beaucoup font partie de mes proches, ne faisaient pas du tout attention à moi, tandis que les enfants, eux, avaient recours à leur imagination. Quand je les regarde, je voyage dans le temps et je retourne dans ces endroits, je revois ces gens que j'ai eu le plaisir de croiser sur mon chemin.

Arlene Gottfried

 

BACALAITOS AND FIREWORKS

De ma fenêtre dans le Lower East Side à New York, j'observais la culture portoricaine que j'avais découverte trente ans auparavant, à l'époque où je commençais la photo. Un soir, j'ai entendu un marchand ambulant crier « bacalaitos et feux d'artifice ! » : les bacalaitos, des beignets de morue à la portoricaine, et les feux d'artifice pour le week-end du Quatre-Juillet. Cette juxtaposition est restée gravée dans mon esprit, symbole de cette population immigrée vivant dans les rues de New York.

L'immigration portoricaine vers les États-Unis a débuté dans les années 1950, les gens venaient chercher un meilleur niveau de vie. Les familles qui arrivaient s'installaient dans plusieurs quartiers de la ville, dont le quartier de Brooklyn où j'ai grandi. J'ai traîné dans les rues avec mes copains et mes voisins, j'y ai appris à danser la salsa et à parler un peu espagnol, et quand je me suis mise à la photo, mes amis du quartier sont devenus mes sujets.

Au fil des années, j'ai de plus en plus fréquenté la population latino, et c'est toujours quelque chose de très important dans ma vie. Les images présentées ici montrent les effets négatifs de la pauvreté, la souffrance et la marginalisation, le manque de soins, les grossesses non désirées, les filles-mères, la drogue, la criminalité, la prison et le taux de mortalité extrêmement élevé des jeunes de la communauté portoricaine à New York.

Mais ces images montrent également l'esprit de tout un peuple qui déborde de vie. Au coeur du ghetto, pour s'en sortir, les gens peuvent compter sur cette communauté vivante et soudée pour surmonter les obstacles et les épreuves de la vie quotidienne.

Arlene Gottfried

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